
Interview d’Emilie FABRIZI, psychologue et formatrice
- Quels professionnels « de 1ère ligne » devraient être formés au repérage et pourquoi ?
« Les professionnels de santé (médecins généralistes, pédiatres, médecins et infirmières scolaires) ne sont aujourd’hui qu’à 14 % à l’origine du repérage précoce des TND, loin derrière les parents et les enseignants, alors qu’il est important d’intervenir le plus tôt possible auprès de l’enfant. L’importance de professionnels bien formés favorise le repérage, le diagnostic et la qualité des orientations et des accompagnements. »
- Quels sont les troubles les moins bien pris en charge ?
« Il y a un retard considérable en France pour la prise en charge de l’autisme, principalement à cause de l’histoire de la psychiatrie française et de son rapport à la psychanalyse. Le TDA/H est également un trouble encore mal diagnostiqué et mal reconnu en France. Il fait polémique et certains vont jusqu’à contester leur réalité. Les parents errent souvent de médecin en médecin sans réponses claires. De plus, les pédopsychiatres et neuropédiatres sont plutôt rares en France (500 pédopsychiatres pour 20 millions de jeunes) avec des délais d’attente de plusieurs mois. Et une fois le diagnostic posé, souvent, les familles ne trouvent pas d’interlocuteur de terrain. »
- Quelles sont les principales avancées dans les soins ?
« Elles sont récentes en France, notamment grâce à la stratégie nationale autisme et TND 2018/2022, qui vise à rattraper le retard de la France en la matière. Il y a depuis, par exemple, la mise en place de plateformes de coordination et d’orientation (PCO) pour les TND, afin de favoriser les interventions précoces. Tout est pris en charge et la famille peut bénéficier « gratuitement » des bilans pluridisciplinaires nécessaires (usuellement onéreux et non remboursés). »